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Chers lecteurs,

Pleins de choses se sont passées et j'ai l'impression que cela fait plusieurs mois que je ne vous ai pas écris mais je suis là, je vis encore et c'est le principal, comme dans Le journal d'Anne Frank, j'adore ce livre. Tout se bouleverse dans ma tête, j'ai l'impression que personne ne peut comprendre ce que je vis et c'est pour cela que je vais vous expliquer ce qu'il s'est passé vendredi après-midi.

A quatre heures, quelqu'un que je ne connais pas s'est présenté à la maison. Je ne l'ai pas entendu tout de suite parce que j'étais paresseusement étendue sur une chaise longue, à lire au soleil, dans notre petit jardin. Zina est apparue tout excitée à la porte de la cuisine en disant qu'un homme connaissant Papa avait essayé de l’enrôler pour rejoindre le clan rebelle des Sunnites et se battre, et que Maman était déjà partie chez M. Khalil (Farid Khalil est un ami et associé de Papa).

Ça m'a fait un choc terrible, tous les opposants à Bachar el-Assad savent ce que cela veut dire, je voyais déjà la torture et la mort et c'est là que nous aurions dû laisser partir Papa. "Il n'est pas question qu'il parte", affirma Zina, pendant que nous attendions Maman dans le salon. "Maman est allée chez Khalil demander si nous pouvions nous installer demain dans notre cachette. Les Khalil vont se cacher avec nous. Nous serons sept." Silence. Nous ne pouvions plus dire un mot tellement le choc était important, la chaleur, la tension, tout cela nous imposait le silence.

Soudain, quelqu'un cogna à la porte. Zina m'ordonna de ne pas aller ouvrir mais ce n'était pas la peine, nous entendions Maman et M. Khalil parler en bas. A chaque fois que quelqu'un cognait à la porte, Zina et moi devions descendre sur la pointe des pieds voir si c'était Papa, on n'ouvrait à personne d'autre.

Quand Zina et moi nous sommes retrouvées dans notre chambre, elle m'a racontée que nous allions partir, et c'est sans doute à cela que Papa avait fait allusion quand il m'avait parlé de nous cacher. Ca m'a fait encore un choc et j'ai commencé à pleurer. Nous cacher, mais ou, la ville d'Alep commençait a avoir beaucoup de problèmes, comme des bombardements divers à droite et à gauche.

Zina et moi avons commencé à prendre, dans un sac, les affaires dont on avait le plus besoin. La première chose que j'ai prise, c'est la pochette de mon petit ordinateur, puis ma brosse à cheveux, des mouchoirs, des livres pour étudier, de vieilles lettres que j'avais reçues et des photos. Je ne le regrette pas, je tiens plus aux souvenirs qu'aux robes.

Vers six heures, Papa est enfin rentré et nous avons continué à faire nos bagages en attendant sa secrétaire qu'il connaissait depuis longtemps et qui est devenue une grande amie de la famille. Quand elle est arrivée avec son mari vers onze heures, elle a prit nos affaires et les a emmenées dans cette fameuse cachette que nous devions rejoindre le lendemain même.

J'étais morte de fatigue et j'avais beau savoir que ce serait ma dernière nuit dans mon lit, je me suis endormie tout de suite, et Maman a dû me réveiller à cinq heures et demie. Heureusement, il faisait un peu moins chaud que vendredi. Tous les quatre, nous nous sommes recouvert du maximum de vêtements dans le but d'en emmener le plus possible avec nous. J'avais, sur moi, deux chemisiers, trois culottes, une des mes plus belles robes, et une jupe par dessus, deux paires de collants, une veste, puis une autre un peu plus chaude, au cas ou. J'étouffais avant de sortir mais personne ne s'en souciait. Zina, dans son cartable, avait mit le plus de livres d'école possible. La secrétairede Papa, Aïda Abad, est venue nous chercher et nous a conduit vers cette mystérieuse destination.

A sept heures et demi, nous avons refermé la porte derrière nous, le seul a qui il me restait de dire adieu, c'était Jango, mon petit chat, qui allait certainement trouver refuge chez les voisins.

Les lits défaits, les restes du petit déjeuner à peine débarrassés, tout donnait l'impression que nous étions partis précipitamment. Mais nous nous moquions bien des impressions, nous voulions juste arriver à bon port, et rien d'autre.

La suite à demain.

Bien à vous,

Zohra

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